Les cerisiers
Dès mon retour du Japon, voilà 5 semaines, je fêtais mon anniversaire, à peine remise du décalage horaire. Comme à notre habitude, nous nous sommes rendus, avec mes enfants, dans un restaurant asiatique, pour déguster ensemble un bon dîner. Un repas plein de rires et d’échanges sur les sempiternels sujets qui animent nos discussions. 49 ans, un âge discret. La grande fête avec les amis sera pour mes 50 ans, j’imagine. L’âge ne représente rien pour moi, il ne me définit pas plus qu’il ne définit les autres. C’est une information, une mesure, comme le trait que l’on trace au crayon de bois sur un mur, afin de constater l’évolution de la taille des enfants, lorsqu’ils sont encore tout jeunes. Et fêter ce moment c’est seulement une occasion supplémentaire de se réunir avec les gens que l’on aime et de passer un bon moment. Les 50 ans seraient donc un prétexte idéal pour réunir plus d’amis et graver des souvenirs heureux, dans les mémoires parfois saturées du flux de jours trop semblables les uns aux autres. Les cerisiers doivent commencer à fleurir au Japon et j’aurais tant aimé les voir. Bien sûr partir en janvier m’aura permis de découvrir la ville de Tokyo moins encombrée de touristes. Et voir les cerisiers en fleur au Japon me donnera une bonne raison de retourner dans ce pays merveilleux, où mon fils s’épanouit désormais, en osmose avec son environnement.
Certains ignorent les femmes de 50 ans et plus, comme si leur front était marqué du sceau de l’invisibilité. Certaines femmes se replient sur elle-même, comme pour prendre moins de place dans une société dont les diktats esthétiques sont de plus en plus excluants. Elles n’osent plus s’autoriser ce qui leur plaisait jusqu’alors et s’interdisent parfois d’exister pleinement et d’aimer encore.
Le temps qui passe est un incroyable, un fabuleux cadeau qu’il faut accepter à sa juste valeur. Vivre est précieux et chaque seconde compte. Au fil des années, on devient généralement plus aligné avec soi-même. On réalise des choix plus pertinents, on se connaît mieux, on est plus à l’écoute de soi-même et l’on sait ce qui nous convient ou pas. Tout à un sens, même si on ne le comprend pas tout de suite. Prendre à bras le corps tout ce qui advient dans notre existence nous permet de nous épanouir.
Pour moi, l’aube de la cinquantaine est cet instant où je me déploie, où j’exulte. Débordante d’envie et de créativité, prête à explorer des horizons nouveaux et me découvrir sous un jour différent. J’avance et j’accepte le mouvement perpétuel de la vie et le renouveau de toute chose. J’écris et j’ouvre mon cœur, sans peur. Sous la brise, les mots s’envolent vers leur destination mystérieuse.
49 ans, c’est un printemps et je sens tournoyer doucement dans mon cœur, les pétales roses des cerisiers du Japon.
©Texte et photo Aliénor Oval – 3/03/25
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