I-ajourné
Une nouvelle année débute comme une porte s’entrouvre doucement sur l’avenir, nous laissant entrevoir les possibles, qui semblent à portée de main. L’heure est aux rêves, qu’il nous convient de réaliser. En début d’année les bonnes résolutions sont de mise, même si une observation lucide des années précédentes nous amène, assez rapidement, à réaliser qu’elles ne durent pas toujours plus de quelques jours ou quelques semaines. Ce qui est beau c’est s’essayer encore, indifférents à la conclusion implacable que, tout comme les régimes, les bonnes résolutions ne font pas long feu. Il existe cependant des exceptions, bien sûr. Et puis, le début d’année est un moment idéal pour entreprendre de nouveaux projets, avec une énergie débordante et un enthousiasme intact. Les prémices sont toujours exaltants et pleins d’espoirs.
Le commencement d’une nouvelle année représente aussi le mystère, l’inconnu qu’il nous faut accepter. Il existe tant de choses que nous ne maitrisons pas et nous évoluons dans un environnement qui semble parfois de plus en plus chaotique et incompréhensible. Les règles changent et il faut s’adapter, en permanence. Les valeurs se diluent. Les conceptions du monde s’entremêlent. Tout évolue à une vitesse hallucinante et nous paraissons si minuscules, dans ce monde devenu étroit, qui semble avancer presque sans nous. Ce qui paraissait impossible hier est presque normal aujourd’hui et on ne s’en étonne plus guère. De nouveaux problèmes se posent, éthiques, moraux, sociaux et nul ne semble en mesure d’apporter des réponses pertinentes. Alors, on avance à tâtons, dans un monde à la fois fragile, rude et magnifique.
Certains redoutent l’IA qui pourrait nous surpasser, après que nous l’ayons nourrie du fruit de nos pensées, de nos recherches, de nos créations. Qu’adviendrait-il alors, dans un monde créé par l’homme, dans lequel il deviendrait quantité négligeable ? Peut-être est-ce une fin en soi pour certains, maintenant que scroller indéfiniment devant nos écrans s’impose comme une habitude acceptable. Nous pourrions envisager une vie passive d’hommes et de femmes qui ingurgitent leur existence pensée par une IA, délestés de tout choix, de tout cas de conscience, de tout élan créatif qui n’en vaudrait plus la peine, de toute déception.
Je crois que le rêve est ce qui nous permettra toujours de nous distinguer de l’IA, d’aller de l’avant et de nous sentir libre, à moins, peut-être, que nous ne rêvions d’une vie sous perfusion de contenus incessants, afin d’échapper à la douleur de vivre dans une époque d’incertitude.
Rêvons le jour comme la nuit, à ce que pourrait être un monde conscient de lui-même, de ses limites comme de son incommensurable beauté.
© Texte et photo Aliénor Oval – 01/01/2025
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