Un ciel clément
Aujourd’hui le ciel est d’un gris-blanc qui m’éblouit. La luminosité me fait plisser les yeux. Un jour blanc comme le pardon. Un ciel qui lave la peine et les désillusions et dont la clarté pénètre jusqu’au cœur. Une brèche dans le passé qui permet de panser telle ou telle petite blessure qui n’est pas tout à fait refermée et que le temps peine encore à guérir totalement. Le temps passe et nous fait comprendre que, dans la vie, tout est fluide et qu’il ne faut s’accrocher à rien. Accepter que la vie soit mouvement s’avère peut-être le secret de la sérénité. S’accrocher au bonheur, tel qu’on le connait, est illusoire car rien ne dure jamais. Les situations, quelles qu’elles soient ne cessent d’évoluer. Souvent la peur nous fait désirer que rien ne bouge et s’agripper à ce qui nous rend heureux et nous réconforte. C’est naturel et il faut parfois lutter contre ce sentiment qui nous pousse à redouter toute forme de changement dans notre mode de vie, nos habitudes, nos relations aux autres. La vie est un ruisseau sauvage. Il ne faut craindre ni ses méandres ni son imprévisibilité ni son impétuosité. Les situations changent et les gens aussi, surtout ceux que l’on croyait si bien discerner. Ceux que l’on connaît depuis toujours ou ceux qui nous ont accompagnés, pendant de longues années, durant des pans entiers de notre vie. On se disait je le connais par cœur, je mettrais ma main à couper qu’il n’est pas comme ci ou comme ça, je le crois les yeux fermés. Et puis on le découvre autre, au revers d’une relation dont les contours deviennent soudain flous. On réalise, bouche bée, l’aspérité de ses mots, de son attitude. On constate, impuissant, la rupture avec la réel et l’animosité gratuite et injuste. On se recroqueville sur une peine que l’on berce comme un enfant, incapable de s’en détourner. Sous le choc de voir l’autre sous un jour nouveau, devenir hostile et inique, pour des raisons parfois absurdes, alors que l’on désirait au plus profond de soi que cette relation ne soit jamais altérée et que ce qu’elle contenait de plus beau et de plus réconfortant perdure. Il n’y a rien d’autre à faire que d’accepter. Accepter que les choses changent et les personnes aussi. Un moment advient où l’on réalise qu’on lâche enfin prise. On dépose alors sa peine au dehors de soi, par un jour blanc, dont la lumière révèle toute la beauté de ce qui a été vécu, et que personne ne pourra nous enlever, même si rien n’est plus pareil. On avance, on pardonne pour vivre sans haine, sans colère, sans rancune, sans amertume, poussé seulement par l’amour sincère que l’on porte aux autres, comme à soi-même, en étant conscient que rien ne dure et que seul compte le moment présent et ce que l’on décide d’en faire.
© Texte Aliénor Oval et photo Maria Oval – 25/11/2024
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