Ribambelles

 

Sous le soleil éblouissant de l’été qui nous donne au cœur une joie enfantine, les peines semblent moins aiguës. Qu’advient-il de ceux qui s’immiscent dans nos pensées pour les assombrir irrémédiablement. Ceux-là même qui nous ont peinés, déçus. Quand il fait beau, que le soleil brille dans un ciel azur, que des rires d’enfants parviennent à nos oreilles, telle la plus douce des mélodies, on serait tentés de découper des ribambelles de bonhommes en papier, comme lorsqu’on était gosse, d’inscrire leurs noms et de laisser ces longues guirlandes s’envoler aux quatre vents. Lâcher prise. Laisser à chacun ce qui lui appartient et refuser de s’encombrer de qui ne nous incombe pas. Grandir c’est accepter de s’affranchir de tout ce qui nous retient, nos chagrins, nos peurs, nos douleurs et prendre le large, délesté du superflu. A tout âge, on peut se réinventer et se découvrir. Se surprendre aussi. Le chemin qui mène à soi-même n’est pas pavé de certitudes. Et celui qui nous relie aux autres non plus. Chacun garde son mystère et, même celui que l’on croit connaître si bien, nous échappe et semble un mirage, lorsqu’on le voit sous un angle différent. Rien n’est figé, ni ce que l’on sait de nous, ni ce que l’on sait de l’autre. Seul le moment présent compte, les gestes et les mots d’amour, la confiance, la sincérité, car cela ne peut pas être défait, ni oublié. Le reste peut bien disparaître, balayé par le vent. Les mensonges, les trahisons, les mesquineries ne sont que des châteaux de sable qui s’écroulent sur eux-mêmes et parfois entrainent nos pas vers le vide. Il faut savoir laisser celui qui construit sur du sable, recommencer indéfiniment son ouvrage, qui subira toujours le même sort, tandis que l’on avance, seul peut-être, mais sur une terre féconde, riche d’amour. Et avant tout, de l’amour porté à soi-même. Le vent dans mes cheveux, les embruns sur mon visage, j’inspire l'air du large, à plein poumons. L’avenir est une page blanche que j’ai l’audace de vouloir remplir de joie, de rires, de créations, de moments merveilleux et extraordinaires, tandis qu’au loin, s’éloignent, dans le bleu du ciel, des ribambelles de bonhommes en papier.

© Texte et photo Aliénor Oval – 1/07/24

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