A-Dieu
Mercredi une lumière s’est éteinte ici-bas. Une lumière
qui brillait d’un éclat magnifique sur tous ceux qui l’entouraient. Un homme
bon et généreux que j’ai eu la joie et le privilège de connaître et de
considérer comme un ami. Le parrain de ma fille, toujours bienveillant et
attentionné. Des yeux rieurs d’enfants. Un sourire entier et sincère, tout
droit venu du cœur. Et puis toujours, cette façon si naturelle de s’intéresser
aux autres et de se mettre à leur service, avec une bonne volonté sans faille. Dans
l’exercice de son métier de médecin, il sauvait des vies. Son dévouement s’étendait à sa famille et ses
activités associatives. Il était un homme de foi, l’espoir en étendard, porté à
bout de bras, inlassablement. Lors de la cérémonie religieuse, on nous remet un
livret sur lequel est noté Messe d’A-Dieu, une belle tournure pour un homme qui
s’était préparé à rencontrer celui à qui il avait consacré une grande part de
sa vie, accompagné par sa merveilleuse épouse. Il est parti en ayant la
certitude de voir Dieu, là-haut, et de retrouver ceux qu’il avait tant aimé. Pour
celui qui croit en Dieu, la mort n’est pas une fin mais un début. Après les
paroles bouleversantes et sincères de son fils et de son collègue de longue
date, les mots inspirés du prêtre, la procession débute pour sortir de l’église
sur le chant Happy days. Il ne voulait pas que ce jour soit triste et désirait
que la joie reste dans le cœur de chacun. Je ne parviens pas à retenir mes
larmes. La lumière traverse les vitraux et ondule sur les murs en pierre, en
projetant des couleurs vives. Dans le cimetière, la nature est resplendissante,
sous un ciel bleu. Les enfants entourent leur mère éprouvée, digne et
courageuse et expriment, leur amour profond pour leur père, de manière
poignante, relayés par les petits-enfants dont les mots sont si purs qu’ils s’envolent
tout droit vers les cieux, comme des colombes. L’un des fils, lève la tête vers
le ciel, les yeux clos, après avoir évoqué la réconciliation avec son père, les
derniers mois, et son visage est baigné d’un soleil si radieux qu'il semble une
bénédiction. Tout est paisible. Nous jetons des pétales de rose sur le
cercueil, un peu de couleur sur ce jour blanc, pour se rappeler que nous ne
devons pas être abattus par le chagrin. Ce n’est pas un adieu, mais un A-Dieu.
Lorsque nous quittons les lieux avec ma fille, en marchant lentement sur le
sentier bordé d’arbres, je repense aux paroles du prêtre qui nous enjoignait à
ne pas rester dans la tristesse et à conserver de celui qui nous était cher,
quelque chose qui pourrait inspirer notre conduite. De cet homme véritablement
bon, je garderai ce qui me semble le plus important, l’espoir. Dans les moments
sombres, je me souviendrai de celui qui ne s’est jamais départi de l’espoir
placé en Dieu, en les hommes, en l’avenir. C’est tellement précieux de croire
que le meilleur reste à venir, malgré les épreuves de la vie et l’approche de
la mort. Et si ma fille regarde le ciel, peut-être apercevra-t-elle cette
petite lumière pleine de joie qui brille désormais au-dessus d’elle.
© Texte et photo – Aliénor Oval – 22/07/24
Oui, le meilleur est à venir ;)
RépondreSupprimerMerci pour ce merveilleux texte en hommage à une belle personne. À Dieu,... à l'Amour, qu'il dure toujours ♡
Un récit intense, profond et inspirant, qui nous encourage à conserver notre sourire en toutes circonstances. Bravo Aliénor ;-)
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