Retour de lecture Le vent se lève de Tatsuo Hori

Au japon, par une belle après-midi d’été, Tatsuo et sa fiancé Setsuko contemplent la nature. La toile que Setsuko vient de peindre est posée sur un chevalet. Lorsque le vent se lève, un bruit sourd leur indique que le chevalet est tombé dans l’herbe. Tatsuo retient Setsuko, afin qu’elle ne le quitte pas et ne rompe pas la magie de ce moment privilégié, hors du temps.   Les mots de Paul Valéry résonnent dans les oreilles de Tatsuo : « Le vent se lève, il faut tenter de vivre ». Setsuko, toujours fatiguée se trouve souvent alitée. Son père propose à Tatsuo de l’accompagner dans un sanatorium, situé dans les Alpes japonaises. Tatsuo accepte, puis emmène sa bien-aimée dans le jardin, où souffle une légère brise. Tout en pudeur et en délicatesse, les sentiments des amoureux s’expriment à travers une contemplation commune de la nature, avec laquelle ils sont en osmose. Les mois passent et le départ pour le sanatorium, situé au pied du mont Yatsugatake, se prépare. Le médecin de famille semble plutôt confiant, quant à l’état de santé de Setsuko. Arrivés au sanatorium, les fiancés s’installent dans une chambre, dotée d’un mobilier sommaire. Il neige. Depuis le balcon, on peut voir la colline, la forêt, la montagne. Toute leur humanité se déploie dans cette vie repliée, au sein de leur petite chambre, dans un sanatorium de montagne. Le directeur informe Tatsuo que la tuberculose s’est étendue. Les saisons défilent.  Leur vie est monotone. La nature splendide est contemplée à travers la fenêtre de la chambre de Setsuko. Le bonheur des amoureux est d’être réunis. Tout prend sens alors. Les silences sont riches d’un amour incommensurable. Au fil du temps, Tatsuo parle de « la malade » lorsqu’il évoque sa fiancée, plus souvent qu’il ne la nomme Setsuko. L’état de cette dernière se dégrade. Tatsuo commence à écrire son journal, envisageant cela comme un travail, lui qui n’a plus de revenus depuis qu’il a accompagné sa fiancée au sanatorium. Cela représente aussi une échappatoire, à une situation dans laquelle l’espoir s’amenuise, de jour en jour. 

L’écriture de Tatsuo Hori se révèle belle et d’une grande pureté, reflétant la noblesse de ses sentiments à l’égard de Setsuko. Leur bonheur est de contempler ensemble la montagne qu’ils observent par la fenêtre de la malade, tentant de récréer, dans une boucle éternelle, ce moment de félicité qui semble s’échapper, pourtant. Là où d’autres ne verraient que tristesse et désolation, ils sont saisis par la beauté de la nature, tel un écho à leur amour profond. 

Né à Tokyo, en 1904, Tatsuo Hori, a contribué à faire connaître des écrivains tels Gide et Proust. Le thème autobiographique est important dans son œuvre et je vous recommande la lecture de son journal bouleversant, Le vent se lève. 

Le vent se lève de Tatsuo Hori

Editions L’arpenteur

© Texte et photo Aliénor Oval – 08/01/2024


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