Colibriciel
Le 25 novembre
Après plusieurs heures, lorsqu’il me faut partir, je l’étreins et pose un baiser sur son front. Le colibri prend son envol, sous un grand soleil, qui irradie tout son visage. Je la quitte durant l’éclaircie. Lorsque je sors de la résidence, je traverse la nuit, comme une mer noire dont les vagues ne cessent de déferler sur mon corps. La tristesse m’envahit, mais je repense à sa main dans la mienne et j’imagine dans ma paume un colibri joyeux et flamboyant, dont le battement des ailes se cale sur les pulsations du cœur de maman. Je me dis que lorsqu’il s’envolera vers le ciel, je sentirai encore sa chaleur, au creux de ma main et de mon cœur.
Après plusieurs heures,
lorsqu’il nous faut partir, je prie l’infirmière de m’appeler à toute heure de
la nuit, pour être aux côtés de maman, lorsque le moment le viendra.
Dimanche matin, vers
7h30, je reçois l’appel que je redoutais. Je pars aussitôt. Maman m’a attendue.
L’infirmière me confie que maman a pleuré lorsqu’elle a su que j’arrivais,
alors qu’elle ne manifestait plus rien, depuis la veille.
J’entre dans l’alcôve. Je
suis seule avec maman. Je m’assois, à côté de son lit. Je ne veux pas qu’elle
ait peur, devant la fin qui s’approche, d’un instant à l’autre. Je caresse ses
cheveux et sa main. Je décide de lui parler, sans m’interrompre, de la laisser
se reposer sur ma voix. Je lui raconte ces moments merveilleux, lorsque nous
allions ensemble à la plage, avec mon frère, quand nous étions petits. Nous
avancions dans l’eau fraîche et sautions dans les rouleaux. Nous riions aux
éclats. Maman était si heureuse. Ensuite, nous savourions une glace. Bien des
années plus tard, c’est avec ses petits-enfants qu’elle se jetait dans la mer,
à l’assaut des vagues, avant de déguster un sorbet.
Je dis à maman que nous
marchons, en ce moment-même, sur la plage, au bord de l’eau, main dans la main.
Nous sentons le sable humide sous nos pieds, les embruns sur nos visages. Nous
entendons le bruit des vagues. Tout est calme. Je lui affirme que je
l’accompagnerai, jusqu’au bout du chemin. Une longue larme coule sur son beau
visage.
Lorsque je lui décris
« regarde le soleil couchant se refléter sur la mer, tu vois comme c’est
beau ? », elle rend son dernier souffle, en paix.
Aujourd’hui
Depuis que maman est
partie, le ciel n’est plus de la même couleur. Il a pris des teintes de souvenirs d’enfances,
de couleurs passées de cartes postales anciennes. Ce matin, j’ai découvert un
ciel de la couleur des magnolias que maman aimait tant.
Ses pas s’effacent
doucement au bord de l’eau, tandis que la mer se retire.
Désormais, à chaque fois que nous contemplerons le soleil couchant se refléter sur la mer, maman sera avec nous, un doux sourire sur son visage, et ses bras, grands ouverts, laisseront tomber une pluie de magnolias sur l’océan.
©Aliénor Oval – Texte et
photo – 11/12/23
Quelle merveilleuse ode à la vie quand la séparation s’annonce. Elle doit tellement t’aimer dans le lit poétique où tu l’as bercée de ton amour.
RépondreSupprimerMerci pour ce merveilleux partage Aliénor
Merci chère Marie, pour tes mots qui me vont droit au coeur. <3
SupprimerÀ l'amour et à la vie, à tout ce qui vous unis,... À toutes les couleurs du ciel, du blanc au rose et jusqu'au bleu nuit. Que tous tes jolis souvenirs partagés fassent vivre son âme pour l'éternité.
RépondreSupprimerJe t'envoie tout plein de chaleureuses pensées pour soulager ton cœur triste et fatigué.
Bien affectueusement
Marie-Astrid
Merci de tout coeur pour tes mots pastels, doux et réconfortants. Que vivent nos souvenirs heureux à jamais, malgré la peine. <3
Supprimer