
Tokyo est une ville verticale, où la vie fourmille sur des dizaines d’étages, dans une surenchère de lumières et d’écrans publicitaires. A toute heure, on peut monter au 4ème ou au 6ème étage d’un immeuble pour manger et boire un verre, jouer à des jeux en ligne ou des jeux d’argent, jouer au baseball ou à tout un nombre d’activités qui sembleraient incongrues ailleurs. Les rues de Shibuya grouillent de monde, mais tout est ordonné. Même si on ne trouve aucune poubelle dans les rues, on ne trouve pas non plus de détritus jonchant le sol. Personne ne hausse la voix et dans le métro, le silence est de mise. Au mieux, on peut chuchoter lorsqu’on reste debout. Mais, comme de nombreux tokyoïtes, je me contente de dormir dans le métro, où je sombre quasi instantanément dans un profond sommeil, le temps de quelques arrêts. Les rues du centre sont bondées, mais on ressent dans cette ville un grand calme qui est très appréciable. Seul le vendredi soir semble apporter une exaltation nouvelle, tandis que pour beaucoup la semaine de travail se termine. Je suis à Tokyo pour voir mon fils aîné, Raphaël, qui vit désormais là-bas. Il se débrouille très bien en japonais, travaille et s’est parfaitement adapté à la vie de la capitale. Nous arpentons les rues de Shibuya, Shinjuku, Harajuku, Ginza, Yokoama. Tout est immense et je suis éblouie, à chaque instant, par cette ville dans laquelle je me sens bien instantanément. Je ne cherche pas vraiment à faire du tourisme, même si visiter le centre-ville de Tokyo en est clairement le prélude. Je veux vivre, avec mon fils, la vie qu’il mène ici au Japon, lui qui est désormais si loin de moi. Je marche dans ses pas et j’en suis heureuse, tout simplement. Nos journées sont rythmées à la fois par la marche et le métro, par nos repas étonnants pris dans des izakayas dans lesquels nous commandons nos plats et nos boissons sur des tablettes et par les passages journaliers dans les konbinis pour se ravitailler en matcha latte, motchi azuki fraise, chocolat pétillant au melon et autres snacks, tous des plus surprenants. Mon fils m’emmène dans un izakaya où il se rend régulièrement et je découvre des saveurs intrigantes entre les brochettes, la salade crabe-pomme de terre-œuf cru-algue, les edamames parfaitement cuits, et les mochis glacés au lait, généreusement recouverts d’une sauce soja sucrée caramélisée. Dans un autre izakaya plus gastronomique, nous nous retrouvons, avec ses amis, autour d’une immense table, dans une petite pièce close par une porte coulissante et je découvre une incroyable soupe miso, garnie de tofu frit dans une panure de riz, et un entremet au matcha pour le dessert, c’est un délice. Nous déjeunons également dans un restaurant de sushis où les plats nous sont apportés sur des tapis roulants et dînons, en groupe, dans un restaurant où tout est à volonté durant une heure et où les plats nous sont apportés par de sympathiques petits robots. Mes papilles sont en émoi, durant tout mon séjour. Toujours plus insolite, nous rencontrons de gracieux capibaras dont les poils se dressent lorsqu’on les caresse, mais je dois avouer que devant leur carrure, leurs longues dents et leurs griffes pointues, je ne suis pas très rassurée. Le quartier de Korean Town Shin-Okubo nous happe une nuit entière, dans les vapeurs de soju qui se déclinent à toutes les saveurs de fruits. Nous gravissons les 8 étages du Don Quijote de Shibuya et les galeries de maints immeubles, à la recherche de trouvailles merveilleuses. Dans une minuscule boutique du quartier d'Akihabara, cachée dans une rue étroite, je trouve deux superbes kimonos en soie noirs et dorés. Il me faut acheter une deuxième valise que je remplis de beaux cadeaux pour les enfants et de friandises originales à déguster. Dans notre logement, tout un mur est décoré par une peinture du Mont Fuji dont nous avions programmé la visite, annulée en raison de notre nuit à Shin-Okubo. Durant tout le séjour, mon fils et moi sommes toujours ensemble et c’est un bonheur. La ville grandiose est un écho à la joie intime d’être réunis. Il m’aura fallu un voyage de 24 heures dont 15 heures pour le seul vol Paris-Tokyo pour rejoindre mon fils, mais je réalise que le monde est tout petit finalement et qu’en
touré de ceux que l’on aime, on se sent toujours chez soi.
© Texte et photo Aliénor Oval – 03/01/25
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